Des enfants cachés au fond des maisons réapparurent aux fenêtres, sur les balcons, dans la rue. Un peu partout, des groupes se formaient. Timidement, puis plus hardiment, des hommes, des femmes s’approchaient, observaient la circulation des colonnes ennemies, se rassemblaient autour des soldats bivouaqués sur les chaussées. De vieux messieurs décorés pleuraient silencieusement. Paris entamait sa première journée d’occupation.

Dans de nombreux cas, la fraternisation des Parisiens avec les troupes d’occupation fut pourtant, presque immédiate et effective. Rue Lafayette, l’ouvrier André Bellier apostropha une parisienne :
- Dites donc, la petite mère, tenez-vous un peu ! Y a des gars qui sont morts !

Les étendards à svastika flottaient sur les bords de la seine. L’orgueilleuse capitale française retentissait du martèlement des bottes de ses vainqueurs. A cette pensée, Hitler ne chercha plus à se contenir. Il sortit sur le perron de son Quartier Général et, d’après des témoins, se mit à exécuter, d’une manière puérile, une sorte de «danse du scalp».